Abuja, 15 septembre, 2025 / 10:54 PM
Le Nigeria est en train de « sombrer sur de nombreux fronts », a déclaré le président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), déplorant que, outre les difficultés économiques auxquelles les Nigérians sont confrontés, de nombreuses communautés du pays ouest-africain soient plongées dans un deuil perpétuel en raison d’une insécurité sans fin.
Dans son allocution lors de la session interactive en cours entre la CBCN et les « fidèles laïcs éminents » de la Province ecclésiastique de Calabar, Mgr Lucius Iwejuru Ugorji a déploré que de nombreux Nigérians aient été tués, et que ceux qui ont fui se trouvent dans des camps où ils sont exposés à des conditions climatiques extrêmes, souvent sans nourriture ni eau.
Reconnaissant « des progrès notables ici et là » dans le pays où la persécution des chrétiens est considérée comme la plus élevée au monde, l’archevêque de l’archidiocèse catholique d’Owerri a déclaré : « Nous déplorons également que notre cher pays, le Nigeria, sombre sur de nombreux fronts. »
« L’insécurité continue de nous hanter », a-t-il ajouté lors de cet événement de neuf jours débuté le 11 septembre. « De nombreuses villes et villages à travers le pays sont devenus des communautés de peur, de fuite et d’obsèques. »
« Nos concitoyens sont chaque jour kidnappés, extorqués, déshumanisés, tués ou contraints de fuir leurs foyers ancestraux, abandonnant leurs moyens de subsistance pour chercher refuge dans des camps de fortune, exposés aux conditions climatiques extrêmes, souvent sans nourriture ni eau », a précisé le président de la CBCN.
L’interaction de la CBCN avec les fidèles de la Province ecclésiastique de Calabar se déroule au Centre diocésain de retraite et de jeunesse dans l’État d’Akwa Ibom.
Depuis des années, il est coutume pour la CBCN d’organiser une session interactive avec les fidèles de la province ecclésiastique chaque fois que les évêques se réunissent pour leur Assemblée plénière.
L’objectif, explique Mgr Ugorji dans un communiqué partagé avec ACI Afrique, est de permettre aux évêques du Nigeria de connaître de près les personnes qu’ils servent, « de partager leurs préoccupations et de leur faire connaître nos propres préoccupations en tant que pasteurs du troupeau de Dieu au Nigeria ».
Dans son allocution, l’archevêque catholique a exprimé son inquiétude face à la pauvreté croissante dans le pays, où le chômage ne cesse d’augmenter.
« Nous sommes profondément préoccupés que nos concitoyens continuent de souffrir de difficultés économiques et semblent condamnés à une vie de misère et de frustration », a-t-il déploré.
Il a ajouté : « Nous sommes également préoccupés par le taux élevé de chômage des jeunes, qui pousse certains de nos jeunes hommes et femmes vers la criminalité et d’autres à migrer à la recherche de meilleures opportunités à l’étranger, entraînant une fuite des cerveaux et la perte continue de certaines de nos meilleures compétences et esprits les plus brillants. »
L’archevêque a également déploré l’état déplorable du secteur de la santé au Nigeria, notant que le décès de l’ancien président Muhammadu Buhari à Londres a mis en lumière les lacunes du système de santé du pays.
Le décès de Buhari, survenu le 13 juillet 2025 loin du pays, a, selon Mgr Ugorji, « soulevé de nouvelles questions sur nos institutions sanitaires en ruine, l’exode massif de nos professionnels de santé, les milliards de Naira dépensés à l’étranger par nos dirigeants pour le tourisme médical, tandis que des millions de Nigérians souffrent chez eux de maladies traitables en raison de l’état misérable de nos hôpitaux ».
Autre source d’inquiétude : les institutions éducatives du Nigeria, confrontées à des défis importants, notamment un financement insuffisant, des « infrastructures délabrées » et un nombre décroissant d’enseignants qualifiés, selon le président de la CBCN.
Le résultat, a-t-il précisé, est un déclin constant de la qualité de l’éducation.
Sous-jacente à ces défis, l’archevêque d’Owerri a désigné la corruption, qu’il a qualifiée de pourrissement moral « se répandant sans contrôle comme un cancer mortel dans tous les secteurs de la vie nationale, dévorant silencieusement l’âme de la nation ».
Le responsable de la CBCN a exprimé son inquiétude quant au fait que, tandis que les Nigérians font face à de graves menaces existentielles, de nombreux politiciens aux niveaux national et infranational semblent plus préoccupés par les élections générales de 2027 que par la réalisation de leurs promesses électorales.
L’opposition, en revanche, « se concentre sur la formation de coalitions pour s’emparer du pouvoir en 2027 », a-t-il ajouté.
« Si cette situation perdure, la nation s’effondrera totalement », a averti Mgr Ugorji, appelant à « un changement radical » pour que le bien commun guide la vie économique, sociale et culturelle du Nigeria.
« Qui doit opérer la transformation de notre nation ? » a-t-il demandé, ajoutant : « Nous croyons fermement que les fidèles laïcs ont un rôle majeur et décisif à jouer à cet égard. »
Reconnaissant que le changement est difficile à obtenir dans le système politique nigérian, l’archevêque a déclaré : « Si nous attendons beaucoup des laïcs en matière de transformation nationale, il faut leur donner beaucoup en termes d’éducation politique. »
Il a souligné la nécessité d’une éducation politique qui encourage les fidèles laïcs honnêtes et craignant Dieu à rejoindre les partis politiques et à persuader ceux qui ont des aptitudes au leadership de briguer des fonctions politiques afin de promouvoir le bien commun conformément à l’enseignement social de l’Église.
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